L’insurrection de Pâques – Les Pâques Sanglantes

L’insurrection de Pâques, aussi appelée les Pâques Sanglantes, est un événement majeur de l’histoire moderne d’Irlande qui se déroula à Dublin en Avril 1916. À la fin de cette insurrection, 15 hommes identifiés comme les leaders du mouvement furent exécutés à la prison de Kilmainham. Pour certains, ces hommes étaient des traîtres, pour d’autres, ils étaient des héros. Mais comment ce petit groupe de personne est arrivé à se lancer dans une guerre contre l’une des plus grandes puissances militaires de l’époque ?

Contexte historique

Suite à la Grande Famine qui se déroula entre 1845 et 1847, de nombreux irlandais perdirent confiance envers le gouvernement Britannique. Les plaintes des irlandais ne sont pas prises en compte et ces derniers sont souvent considérés comme des citoyens de seconde classe. Chaque demande d’indépendance de la part des irlandaisirlande-insurrection-paques-home-rule tombent dans l’oreille d’un sourd et malgré le projet de Home Rule (vise à donner une autonomie interne à l’Irlande), de nombreux irlandais restent insatisfaits et mécontents. Ainsi, un petit groupe d’opposant se forme et commence réclamer l’indépendance irlandaise et la suppression de toutes traces d’appartenance à la domination britannique. Et comme les Britanniques ne semble pas être de cet accord, cette indépendance devra s’obtenir par la violence.

Les débuts de la rébellion irlandaise

Malheureusement pour la rébellion, très peu de citoyens irlandais eurent le courage de rejoindre le mouvement. Même une fois la rébellion lancée, très peu de Dubliners ont rejoint le groupe. Cela s’explique principalement par la préoccupation du peuple quant à la réaction probable des Britanniques face à cet opposition.

L’IRB (Fraternité Républicaine Irlandaise) se forme en 1858. Elle était à la base une organisation secrète et il est dit qu’elle ne compta jamais plus de 2000 membres en son sein. Elle n’avait qu’une seule volonté – l’Indépendance Irlandaise.

Au début de la guerre, la politique irlandaise commence à devenir très compliquée. L’édition du Home Rule conduit à la création d’une nouvelle milice, Les Volontaires d’Ulster (Ulster Volunteers). Ce groupe était contre toute réduction de la irlande-insurrection-paques-irish-volunteersrègle selon laquelle Londres avait le pouvoir sur toute l’Irlande. En réponse, les irlandais du sud forment Les Volontaires Irlandais (Irish Volunteers) en 1914. Presque 200 000 personnes rejoignirent les Volontaires Irlandais mais seulement quelques milliers étaient formés aux manœuvres militaires. De plus, il était impossible pour les Irish Volunteers d’armer la totalité de leur force.

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La 1er Guerre Mondiale : le déclic

Lorsque la Guerre Mondiale éclata en Août 1914, le leader de l’Irish Nationalist Party (parlementaires et organisations soutenant le Home Rule), John Redmond, accepta le report du Home Rule pour l’après-guerre. Un grand nombre des Volontaires Irlandais acceptèrent cette décision et des hommes de toute l’Irlande se rallièrent à la cause et combattirent aux côtés de l’armée britannique, contre l’Allemagne. 

Cependant, certains membres l’IRB ne partageait pas les vues de leur camarade. A peine un mois après le début de la guerre, le conseil suprême de l’IRB décida de prendre avantage de la position de l’armée britannique dans la Guerre pour renverser leur domination sur l’Irlande. La logique voulait que les actions du gouvernement à Londres étaient influencées par ce qui se passait à Flandres – et que donc la grande majorité de l’armée britannique se trouve soit à l’étranger, soit envoyée au combat. Par conséquent, la présence de l’armée Britannique en Irlande se ferait rare.

Planification de l’insurrection

L’IRB passa plusieurs mois à planifier sa rébellion. L’organisation disposait de beaucoup d’argent – en majeur partie venue des Irlandais Américains – et de leaders compétents, mais cela n’était pas assez. Comme toute organisation secrète, ils ne pouvaient pas agir comme un parti politique et ne pouvait donc pas aller à l’encontre de gens pour leur demander de soutenir leur cause. Par conséquent, leur nombre était très faible. De plus, beaucoup en Irlande était d’accord avec l’idée de reporter le Home Rule. Enfin, si l’IRB souhaitait se lancer dans un soulèvement,irlande-insurrection-paques-roger-casement il leur faudrait des armes, et la seule source disponible était l’Allemagne.

En 1944, les Volontaires d’Ulster avaient réussi à obtenir plus de 35 000 fusils alors que de leur côté, les Volontaires Irlandais n’en avaient que 1000. Une tentative de transaction avec l’Allemagne fut faite par Sir Roger Casement, mais la Marine Britannique intercepta le chargement et arrêta Casement, qui fut ensuite pendu pour traîtrise. Pour les autorités de Dublin et de Londres, cette tentative d’armement leur prouva que le mouvement républicain était bien faible.

Les soutiens dans l’insurrection de Pâques

L’IRB pouvait compter sur le soutien de l’Armée Citoyenne Irlandaise, fondée en 1913 par James Connolly, et qui s’opposait aussi à la Grande-Bretagne. Tout commença avec la création de l’organisation citoyenne protectrice des Transport Irlandais et de l’Union Générale des Travailleurs. L’IRGWUirlande-insurrection-paques-comtesse-markievicz (Irish Transport & General Workers’ Union) organisa une grève en 1913, qui fut violemment brisée par les forces Britanniques. L’Armée Citoyenne Irlandaise (Irish Citizens Army) fut créée en réponse et fut dirigée par l’ancien officier de l’armée britannique – Jack White. L’armée civile avait les mérites d’avoir une forte discipline, mais ne comptait que 250 hommes pour l’insurrection de Pâques.

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L’RIB comptait également le soutien des femmes, dont la plus célèbre fut la Comtesse Markievicz qui était membre de l’Irish Civilian Army.

Une opportunité d’attaque ?

L’armée britannique n’était pas très présente en Irlande. Les plupart des forces de l’ordre était conduite par la RIC, la Royal Irish Constabulary (Police Royale Irlandaise). Cette police était constituée d’environ 10 000 agents de police. À une époque où les offres d’emploi étaient en déclin, la RIC semblait offrir une carrière solide, surtout à ceux qui étaient resté fidèle à la Couronne et au gouvernement. Les membres du RIC travaillaient toujours à proximité du quartier où ils vivaient. Ils pouvaient ainsi obtenir des informations plus rapidement et plus facilement. Les Renseignements Britanniques, basés au Château de Dublin, ont ainsi pu obtenir un grand nombre d’informations.

En Avril 1916, la Guerre faisait beaucoup de dégâts en Europe, et surtout en France où les français, alliés de la Grande-Bretagne, subissaient une attaque lourde à Verdun. Ces derniers avaient donc besoin de la Grande-Bretagne pour les aider en lançant une attaque sur la Somme. Une bien mauvaise nouvelle pour l’armée Britannique qui avait besoin de ses troupes en Irlande et sur ses terres.

Une armée britannique bien ou mal informée ?

Le Service de Renseignement Britannique était au courant qu’un soulèvement était prévu pour bientôt, surtout après l’arrestation de Casement qui devait être transféré à Dublin le 21 Avril. Le gouvernement Irlandais lança unirlande-insurrection-paques-patrick-pearse débat pour savoir si oui ou non il fallait lancer une arrestation forcée de 60 à 100 leaders républicains. Finalement, l’arrestation fut annulée car selon les dirigeants du gouvernement, aucune crise immédiate n’était à prévoir.

En effet, selon les rapports des espions Britanniques, Eoin MacNeill, leader des Irish Volunteers, aurait décidé d’annuler le soulèvement suite à l’échec puisant de Casement pour obtenir des armes auprès des Allemands. Mais ce que le gouvernement ne savait pas, c’est que Patrick Pearse, jeune avocat membre de l’IRB, n’était pas d’accord avec cette décision et jugea que l’insurrection de Pâques devait se faire malgré tout. Bien d’autres étaient d’accord avec lui.

La bataille se prépare

Malgré ce différent, MacNeill insista auprès de Pearse pour que l’annulation du soulèvement soit annoncée dans les journaux et dans toute l’Irlande. Ainsi, les autorités de Dublin partirait sur l’idée que l’insurrection était bel et bien terminée et ne se douteraient pas que quelque chose était en chemin.

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Cependant, le gouvernement Britannique se préparait tout de même à une surprise de ce genre, mais savait très bien que si quelque chose se passait, l’armée britannique n’aurait à affronter qu’un petit nombre d’opposants, et très peu équipés. En effet, avec les Volontaires Irlandais divisés et sans armes, qu’est-ce que les Britanniques avaient à craindre? Le matin de l’insurrection de Pâques, de nombreux officiers de l’armée britannique étaient sur les qui vive. 

Jour-J : l’Insurrection de Pâques

Le Lundi de Pâques 24 Avril 1916, l’Irish Citizen Army, composé de 120 personnes, et les Volontaires Irlandais, composés de 700 membres, se réunissent dans la O’Connell Street de Dublin. En un instant, les républicains lance l’assaut et se jette sur les bâtiments stratégiques majeurs de Dublin : Poste Centrale, Palais de Justice, Biscuiterie Jacobs, Gare de Westlant Row. D’un côté, les hommes tentent de dérober le plus d’armes possible à l’armée Britannique tandis que les femmes, dont la Comptesse Markievicz, se charge de s’approvisionner en vivres et en médicaments.

Patrick Pearse, à la tête du mouvement, revendique haut et fort la nouvelle République devant la foule. Au fil de la journée, les insurgés repoussent l’armée britannique et les Volontaires Irlandais attaquent les casernes. 

Malgré cette belle avancée, les insurgés se font vite surprendre par la Grande-Bretagne. En effet, celle-ci n’avait pas totalement exclu la possibilité d’un soulèvement et demanda rapidement des renforts dans les province. Ainsi, le mardi 25 Avrilirlande-insurrection-paques-bataille, l’armée britannique contre-attaque les insurgés et surpassent très largement leur opposant d’un point de vue militaire.

La bataille durent ainsi pendant 5 jours où de violents échanges ont lieu entre les deux camps. Ce n’est que le dimanche 29 Avril que Patrick Pearse, leader des insurgés, décrète l’arrêt total de l’insurrection qui s’annonce être un échec puisant. L’insurrection de Pâques est terminée.

Bilan du combat

Après ces 6 jours de révoltes, on comptabilise plus de 400 morts et 2614 blessés, dont de nombreux civils. 3 509 hommes et femmes sont arrêtés et jugés par l’armée britannique. Nombreux d’entre eux, surtout les leaders, seront condamnés à la peine de mort. 

Patrick Pearse, quant à lui, fut fusillé le 3 Mai à la prison de Kilmainham.

Traduit à partir de historylearningsite.co.uk